Alice Guerlot-Kourouklis
direction artistique
conception, écriture sonore, composition musicale, dramturgie
Jimena Royo-Letelier
direction artistique
conception, programmation, écriture numérique et visuelle
Aneymone Wilhelm
scénographie
créations des sculptures et mobiles
iakeriproject@gmail.com
Association Iakeri Project
41, rue de la Chine, 75020 Paris
SIRET : 833 317 126 00021 / APE/ NAF : 90.01Z
MURS INVISIBLES (ou les murs visibles du patriarcat) - Création 2019. Production Iakeri project / Collectif Iakeri en partenariat avec le Château Éphémère (78), Stereolux (44) et Eastern Bloc (Montréal, Canada), Abbaye de Maubuisson, Centre d'Art Contemporain (95).
Comment évoquer, de manière sensible, les inégalités et les rapports de domination entre les femmes et les hommes ?
MURS INVISIBLES est une installation sonore et plastique qui utilise les statistiques de genre disponibles et en accès libre comme des matériaux afin de traduire un fait social et de rendre tangibles plafond de verre et autres murs qui n’ont d’invisible que leur nom. La réflexion soutenue par l'œuvre s’axe autour de la figure mythologique, symbolique et profondément ambivalente de Méduse qui figeant celui ou celle qui ose la regarder en face, peut aussi bien désigner le pouvoir terrifiant du féminin que l’opinion générale et répétée qui paralyse et empêche la pensée. L’installation se présente sous la forme d’un environnement sonore nébuleux au sein duquel se meuvent des mobiles en formes de méduses et sur lesquels sont affichées des données statistiques relatives aux inégalités de genre.
Les trois temps qui composent l'œuvre (Disparition, Écarts, Violence) se concentrent chacun sur un aspect spécifique des rapports de domination et modèlent de manière différente l’environnement de l'œuvre. Suivant la nature de l’écart statistique, les sons et les formes qui composent l'œuvre vont être détériorés, saturés ou encore rendus inaudibles. Lors de sa déambulation le visiteur expérimente donc physiquement et sensiblement les inégalités et les aspérités sociales que les modalités conventionnelles de présentation des études statistiques peinent parfois à rendre concrètes.
L’utilisation de données locales (lieu et ville, département, région, dans lesquels se situe l’installation) en plus de données nationales et internationales, crée une proximité immédiate avec les spectateur ·trices. Par ce biais, se crée une forme d’adresse de l’œuvre au lieu qui la reçoit.
MURS INVISIBLES se propose d’offrir une perception des inégalités femmes-hommes par l’immersion dans un espace où la matière et le son sont révélés, sculptés et distordus par des statistiques de genre.
L’installation prend son inspiration formelle dans la réalité sociale même qu’elle entend représenter, par le biais d’un travail de sculpture des matières provoqué par les data, afin de rendre compte de la manière dont ces inégalités viennent elles-mêmes opérer des reliefs, des creux, des formes d’organisation et de pouvoir dans les sociétés.
La dramaturgie, prend comme fil conducteur une réflexion sur la manière dont le spectateur va se saisir de ces données après en avoir été saisi. Aucune action n’est arbitraire, il n’y a pas d’aléatoire, l’écriture numérique et les outils techniques ne sont là que pour porter un point de vue, celui porté par trois femmes aux parcours distincts, dont la mutualisation et l’échange des savoirs et savoirs-faire ont rendu possible l’émergence de cette oeuvre hybride.
Photographies : Catherine Brossais 2019.
Photographies : Ilana Vasseur 2022.
« (...) une de nos servitudes majeures : le divorce accablant de la connaissance et de la mythologie. La science va vite et droit en son chemin ; mais les représentations collectives ne suivent pas, elles sont des siècles en arrière, maintenues stagnantes dans l'erreur par le pouvoir, la grande presse et les valeurs d’ordre »
Roland Barthes, Mythologies, 1957 Seuil, Paris, Collection Points Essais, p.63
Glass Ceilings, installation interactive, commande du festival Nanterre Digital 2017 autour de la thématique Women in numérique.